ACMy Marc Morand, 2020/2, B 8 Discours prononcé par Marc Morand à l’occasion du Congrès radical ayant lieu à Sion., 10.1932 (Série)

Contexte de plan d'archivage


Niveau:Série

Zone d'identification

Cote:ACMy Marc Morand, 2020/2, B 8
Titre:Discours prononcé par Marc Morand à l’occasion du Congrès radical ayant lieu à Sion.
Période de création:10/1932

Zone du contenu et de la structure

Contenu:Savoir :
« Permettez-moi, après les excellentes paroles de bienvenue que nous a adressées tout à l’heure , avec toute la fougue et l’enthousiasme de la jeunesse, M. le conseiller Pierre de Torrenté, au nom du parti radical de la Ville de Sion, d’apporter à mon tour à ces magnifiques assises de notre parti, le salut des radicaux de Martigny, de cette citadelle sur laquelle depuis un siècle, malgré les assauts de nos adversaires politiques, flotte toujours, fier et haut, le drapeau des idées libérales-radicales. Je suis particulièrement heureux de saluer ces nombreux jeunes citoyens qui ont tenu, par leur présence à la manifestation d’aujourd’hui, à affirmer au siège même du gouvernement conservateur du Valais, la vitalité de notre parti et leur foi robuste en son avenir, sans crainte des représailles dont ils pourraient être l’objet de la part de nos puissants adversaires.

Puisse le succès de ce congrès, à quelques semaines des élections communales et à quelques mois des élections législatives, être le prélude d’une nouvelle avance de notre parti. Certes, les élections de l’année dernière au Conseil national ont marqué une augmentation de nos effectifs sur 1928, mais nous devons faire mieux encore et prouver soit au parti conservateur, soit au parti socialiste, que le parti radical non seulement maintient ses positions, mais qu’il les fortifie en grimpant toujours plus nombreux dans ses rangs les citoyens de notre canton.

Je voudrais aujourd’hui, mes chers concitoyens, insister sur l’importance qu’auront pour notre parti les élections communales de décembre prochain. Mais est-il besoin de le faire ? Les batailles qui se livrent déjà dans plusieurs communes, les discours enflammés tenus dernièrement par les chefs du parti conservateur et du parti socialiste sont le témoignage le plus éloquent de l’intérêt que nous devons porter à ces élections. En Valais, plus encore que dans d’autres cantons, les communes jouissent d’une autonomie relativement grande. Ce privilège séculaire auquel notre peuple a toujours été attaché, nous devons jalousement le conserver, d’autant plus que nous sommes en Valais un parti de minorité. Et c’est précisément en raison de cette autonomie communale qu’il est d’une nécessité absolue pour notre parti de faire tous nos efforts pour prendre en mains les rênes de l’administration du plus grand nombre de communes, là où la majorité n’est pas espérée (?) pour nous, d’unir les efforts de tous les citoyens vraiment progressistes pour obtenir le plus de représentants possibles au sein du Conseil communal. Les communes sont les cellules de notre organisme politique, elles en sont la base. C’est presque une vérité de La Palice que de dire que la force de notre parti dans le canton dépend de la bonne organisation des associations locales. Les élections communales sont la meilleure préparation aux élections pour le Grand Conseil. Il est par conséquent nécessaire que dans chaque commune, notre parti mette tout en œuvre pour amener le plus de bulletins radicaux dans les urnes.
Les listes électorales sont élaborées et affichées. Vous les avez sans doute déjà consultées et examinées. Le délai de recours expire dans quatre jours, soit jeudi prochain. N’hésitez pas à en faire usage, et personnellement, je vous engage vivement à recourir contre toute liste qui pourrait léser les intérêts de notre parti. Hélas, nous savons combien ces recours ont peu de chance de suivi auprès du Conseil d’Etat, dont l’intransigeance politique en matière électorale n’est pas le moindre défaut ; nous savons que presque toujours, sans enquête ni études sérieuses, contrairement à l’esprit de la loi qui a voulu laisser suffisamment de temps entre le jour de l’élection et celui de l’affichage de la liste électorale pour que les autorités puissent prononcer motifs à l’appui de ces recours, nous savons, dis-je, que la plupart du temps, nous apprenons par un télégramme du Conseil d’Etat, non motivé et parvenu la veille même des élections, que notre recours a été rejeté, sans qu’il ait été possible de prendre connaissance des arguments développés par le Conseil communal contre lesquels le recours a été interjeté.

Mais, mes chers concitoyens, quand un recours vous paraît justifié, faites-le quand même, quitte à recourir ensuite au Tribunal fédéral, ne serait-ce que pour faire dévoiler aux yeux de l’opinion les injustices d’une majorité sans scrupules. Messieurs, quand on voit ce qui se passe à Vétroz, M. de Torrenté vous en a parlé il y a un instant avec indignation, on ne peut qu’être écœuré de voir les chefs d’un grand parti, faisant en même temps partie des autorités supérieures du pays, [illisible], approuver (?) et encourager par leurs discours et par leurs attitudes des procédés électoraux aussi honteux et avilissants que ceux employés par les conservateurs de Vétroz. Et puis, mes chers concitoyens, organisez votre campagne électorale, que les chefs de file de vos organisations locales voient personnellement chaque citoyen susceptible de déposer dans l’urne un bulletin radical, et qu’ils fassent en sorte que pas un d’eux ne manque au scrutin le 4 décembre prochain [04.12.1932].

Je l’ai dit tout à l’heure, si notre parti marque une nouvelle avance en décembre prochain, nous pouvons espérer de bonnes élections au Grand Conseil au mois de mars 1933 [03.1933]. Plus que jamais, Messieurs, les prochaines élections législatives seront graves de conséquences, à cette époque de crise, de marasme général dans les affaires et l’administration de notre canton. Il importe que le parti radical, non seulement ne se laisse entamer dans aucun district, mais qu’il fasse un effort sérieux pour augmenter le nombre de ses députés au Grand Conseil, de manière à y accroître son influence et ses possibilités de contrôle d’un Conseil d’Etat qui paraît malheureusement impuissant, par son manque d’énergie et par son laisser-aller, à prendre les mesures qui s’imposent pour assainir la situation financière, à tout gouvernement soucieux des intérêts du pays. Le déficit de l’exercice 1931 était de 850'000 francs, celui de l’exercice de 1932 sera probablement de 1'300'000 francs et l’on prévoit pour 1933 un déficit de 93'000 francs au minimum, dans lequel ne sont pas comprises les dépenses pour construction et routes de montagne. Ah, Messieurs, si ce déficit était le résultat connu dans plusieurs cantons d’actions de secours aux chômeurs atteints par la crise, d’œuvres de bienfaisance ou d’assistance créées ou subventionnées, nous pourrions l’excuser, mais les sommes employées et ce fonds ne constituent qu’une partie insignifiante des dépenses générales du canton.
Et que fait le Conseil d’Etat pour remédier à cette situation ? Il envoie, au mois d’avril dernier, au Grand Conseil, un message préconisant des économies, une politique financière plus prudente, ce qu’il nous répète chaque année depuis longtemps, mais le gouvernement, qui a la responsabilité directe de l’administration financière du pays, qui seul a en mains les éléments nécessaires pour mettre à exécution les bonnes intentions qu’il proclame, n’a pas été jusqu’à maintenant capable de faire une seule proposition concrète tendant à rétablir l’équilibre du budget, si ce n’est d’envisager vaguement l’augmentation des impôts au moyen des centimes additionnels, et encore ici sans oser articuler une proposition ferme.

Un peuple sain, conscient de ses droits et de ses besoins, ne peut plus, en présence de cette carence du gouvernement, avoir confiance en ce dernier. Et c’est précisément au moment où ce gouvernement, pourtant homogène au point de vue politique tout au moins, puisqu’il n’est composé que de conservateurs, se révèle incapable d’une action commune en vue de l’assainissement financier du pays, au moment où les discussions sont les plus vives au sein du parti conservateur, où les journaux de ce parti sont en guerre ouverte entre eux, s’envoyant réciproquement les pires reproches et les plus basses injures, que de hauts magistrats conservateurs de ce canton revendiquent pour leur parti le monopole de la vérité et de l’idéalisme, et osent de leurs tribunes publiques, crier au parti radical qu’il n’est qu’un parti matérialiste. Comment peut-on manier aussi effrontément l’ironie ?

Matérialiste, un parti qui a ses origines et qui plonge ses racines dans les profondes aspirations de la conscience humaine vers la pensée libre, opprimée pendant des siècles de ténèbres intellectuelles. Matérialiste, un parti de progrès et de réformes sociales, auquel la Suisse doit d’être ce qu’elle est aujourd’hui ; matérialiste le parti radical, parce qu’il refuse, à l’encontre des conservateurs [illisible], de faire d’une religion l’instrument de sa politique, parce qu’il respecte toutes les convictions religieuses et se refuse de pénétrer dans le domaine intime des consciences, parce qu’il entend laisser aux ministres des innombrables religions qui se partagent l’humanité le soin de s’occuper des âmes, alors que son rôle à lui ne consiste pas à faire de la philosophie, mais à servir le peuple et à étendre sa prospérité intellectuelle et matérielle. Matérialiste notre parti, parce que nous voulons l’égalité dans les lois et la probité dans l’application des lois ; matérialiste le radical, parce qu’il accepte la puissance des peuples, tandis que le réactionnaire la subit. Allons donc, Messieurs, si c’est cela être matérialiste, nous en acceptons, bien mieux, nous en revendiquons l’épithète, le préférant au faux idéalisme, au faux spiritualisme dont sont pleines les bouches de nos adversaires conservateurs, alors qu’ils pratiquent trop sûrement une politique de favoritisme et de bas intérêts matériels.
Mes chers concitoyens, je m’arrête. D’autres orateurs doivent encore me succéder. Qu’il me soit permis, au terme de ces quelques paroles, de vous exprimer la reconnaissance de tous ceux qui ont la responsabilité de la bonne marche de notre parti pour avoir répondu avec tant d’empressement et si nombreux à leur appel. C’est un réconfort pour vos mandataires, et lorsque nous sortirons de cette salle, nous serons plus résolus que jamais à travailler et à coopérer dans la mesure de nos forces au triomphe des idées libérales-radicales ».

Papier, 1 exemplaire manuscrit, avec corrections.
 

Utilisation

Fin du délai de protection:31/12/1932
Autorisation nécessaire:Aucune
Consultabilité physique:Sans restriction
Accessibilité:Publique
 

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URL:https://scopequery.vs.ch/detail.aspx?ID=396234
 

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