AcMy Marc Morand, 2020/2, D 1.2.5 Discours prononcé par Marc Morand à l’occasion de la manifestation du Tir cantonal valaisan ayant lieu à Martigny., 06.1957 (Document)

Contexte de plan d'archivage


Niveau:Document

Zone d'identification

Cote:AcMy Marc Morand, 2020/2, D 1.2.5
Titre:Discours prononcé par Marc Morand à l’occasion de la manifestation du Tir cantonal valaisan ayant lieu à Martigny.

Dates

Période de création:06/1957
Période de création, notes.:28.06.1957 ou 30.06.1957

Support

Support / Träger:Papier, 2 exemplaires dactylographiés avec corrections manuscrites.

Zone du contenu et de la structure

Contenu:Savoir :
« Par un geste qui l’honore et qui est à la mesure de sa délicatesse, le comité d’organisation de ce tir cantonal a demandé que le discours de réception soit prononcé par le président de Martigny-Ville, voulant ainsi associer, par l’organe de celui-ci, toute la population martigneraine aux souhaits de bienvenue qu’il est d’usage de prononcer à l’occasion de nos fêtes. C’est avec plaisir que, déférant à ce désir, nous marquons une fois de plus l’étroite solidarité et la collaboration constante de notre Municipalité avec les organisateurs de cette grande manifestation, lesquels n’ont pas craint d’en affronter les difficultés et les responsabilités.

Mesdames, Messieurs, avant toute chose, j’ai l’honneur de saluer la présence parmi nous de … [voir la liste nominative dans l’exemplaire]. Ce mélange de l’élément civil et militaire n’est pas seulement un symbole, mais l’affirmation solennelle de l’intime cohésion entre l’armée et le peuple, dont nos fêtes de tir nous fournissent chaque fois un exemple frappant. Votre présence constitue le témoignage irrécusable de l’intérêt que vous portez au développement du tir dans notre canton. Notre salut va ensuite à MM. les membres d’honneur et au comité de la Société cantonale des tireurs valaisans, en particulier à son président d’honneur. M. Clémenzo [ajout illisible] et au président du comité cantonal M. Henri Gaspoz. Nous rendons un hommage mérité à ces personnalités. En servant la cause du tir, vous servez aussi le pays. Soyez-en remerciés. Nous ne voudrions pas, dans nos souhaits de bienvenue de ce jour, oublier les représentants de la presse et ne pas leur dire toute notre reconnaissance pour leur contribution indispensable à la réussite de cette fête. Un grand merci aussi à toutes les sociétés qui participent à cette journée officielle et tout particulièrement à l’Harmonie municipale de Monthey, laquelle, sous la conduite de M. Joseph Maxit, président du dernier tir cantonal, a accompagné la bannière cantonale, sous la direction de [illisible] que nous venons de recevoir au cours d’une cérémonie toujours émouvante. Et maintenant, salut et bienvenue à vous tireurs valaisans et confédérés venus dans nos murs pour fraterniser et mesurer votre adresse dans cette joute cantonale. Martigny vous reçoit avec joie et fierté, heureuse de célébrer avec vous le tir et la patrie. La pratique et le culte du tir sont aussi vieux que la Suisse elle-même.
En effet, l’un des plus anciens chapitres de notre histoire ne s’enorgueillit-il pas de l’habileté de Guillaume Tell au tir à l’arbalète ? Et le premier tir fédéral qui eut lieu à Aarau en 1824 ne fut-il pas la manifestation d’un mouvement populaire à l’origine duquel nous trouvons un véritable réveil de la conscience helvétique ? Aujourd’hui encore, l’invention et l’emploi des armes modernes à grande puissance d’action n’enlève rien à la valeur du tir individuel, du tir de précision, preuve en soit les obligations qu’impose l’autorité militaire aux communes et aux soldats citoyens pour le tir hors service. Malgré les changements apportés à la tactique et à la stratégie par les nouveaux moyens de combat, il ne nous paraît pas téméraire de proclamer que l’infanterie demeure encore la reine des batailles, et que si les puissants engins actuellement utilisés détruisent et ouvrent des voies, il faut l’homme avec son arme à feu individuelle pour conquérir le terrain et le maintenir en possession. Dans le fusil et le pistolet, il faut voir surtout l’arme intelligente par excellence, dont l’emploi demande adresse et sang-froid, un cœur bien placé, la main qui ne tremble pas, la visée juste, en un mot tout ce qui caractérise le vrai combattant. Mais en dehors de toute considération d’ordre militaire, nos sociétés de tir méritent notre sympathie et notre appui, parce qu’elles sont aussi une excellente école de discipline, de maîtrise de soi, de saine émulation et de vraie camaraderie et, enfin, parce qu’elles maintiennent une tradition séculaire, spécifiquement suisse.

Chers Tireurs, vous ne m’en voudrez pas de dire que, dans cette fête, il ne s’agit pas uniquement de tir, mais qu’il faut y voir aussi l’occasion de consolider les liens qui unissent les enfants d’un même pays. Comment ne pas se réjouir des amitiés qui se noueront au cours de ce tir cantonal et qui contribueront à nous rapprocher et à nous mieux comprendre ! Nos fêtes cantonales sont essentiellement un terrain de rencontre pour nos concitoyens. Au-dessus des partis absorbés par les luttes politiques ou électorales, il faut que l’amour du pays trouve à s’alimenter dans ces libres rencontres qui, réunissant des hommes de toutes les régions de notre terre, nous offrent une image authentique de notre cher canton, si divers dans sa structure où deux langues se coudoient, où chaque vallée a pour ainsi dire son caractère propre et ses coutumes particulières, mais où vibre dans le cœur de chacun un même et puissant amour du vieux Valais et de notre plus grande patrie : la Suisse.
Permettez ici, chers tireurs, en évoquant quelques traits d’un écrivain du lieu, une brève incursion dans les annales d’un passé, l’histoire de ce Martigny, l’Octodure souvent citée, le Forum Claudii des Romains. Dominée par la tour médiévale de La Bâtiaz, si familière en notre décor qu’elle en devient partie sacrée, si intimement liée à nos luttes séculaires qu’elle en est comme intouchable, n’était, hélas, l’usure du temps, notre cité s’étale longuement en bordure d’un torrent sauvage, la Dranse, qui nous comble de ses alluvions fécondantes, en rachat, peut-on dire, de ses destructions, de ses ravages réitérés, ligués avec le feu, les guerres, les invasions [tracé : voire les utilitaires déprédations des hommes pour coopérer à un déclin et le parachever]. Tout ce qui en somme sévit à travers les siècles et constitua de si graves et si tenaces périls qu’ils chassèrent d’Octodure les premiers évêques du Valais y ayant leur siège et étant, à juste titre, soucieux de leur durée et de leur sécurité. Car notre histoire comporte ces événements curieux de pittoresque et de tragédie.

L’antique Octodure, aujourd’hui enfouie ou, plutôt, rasée, est marquée du sceau de ses ruines, celles d’une ville romaine et de ses fastes. Nous vivons sur des substructures, et non point, certes, sans mélancolie ni regret, nous évoquons ces grandeurs mortes à l’aide de l’histoire, de textes, de documents archéologiques irréfutables nous en relatant les périodes, les phases. Nos fouilles découvrirent témoignages et trésors d’un temps où seul encore émerge l’amphithéâtre, très terne, pâle, reflet de ses aspects romains, avec ses murailles délabrées, aux pierres fauves, brûlées, entrecoupées d’irréparables brèches. Ainsi subissons-nous, presque incurablement, la hantise d’un passé jusque dans le tohu-bohu d’une circulation pressée, intense, croissant année après année.
Martigny, cité moderne, et délibérément moderne, puisque c’est son destin, Martigny, sis à l’issue du grand val culminant au passage célèbre du Grand-Saint-Bernard et de son hospice non moins fameux, Martigny, qui vit dans les siècles défiler les armées, la patiente théorie des marchands, celle sage, pieuse, recueillie des pèlerins en marche vers les hauts-lieux pour accomplir un vœu, Martigny aujourd’hui livre passage au fleuve tumultueux et fiévreux des autos traversant nos vallées et franchissant nos cols. Notre cité accepte ce rythme effréné, entre dans ce mouvement irrépressible, pulsation de la vie moderne. Notre cité, prise dans le réseau des routes qui s’ouvrent, s’élargissent, se ramifient, en leur exigeante et logique structure, ne faillit point à son rôle, sa mission dans les temps de croisée des chemins.

Mesdames, Messieurs, je ne voudrais pas quitter cette tribune sans exprimer notre gratitude au comité d’organisation de ce Tir cantonal, et tout spécialement à son président M. Edouard Morand et à M. Henri Charles, président du comité de tir. Nous savons quelle somme d’efforts et de dévouement il a fallu pour assurer le succès de cette important manifestation. Et enfin, laissez-moi encore accompagner mes paroles de bienvenue, du souhait que vous remportiez de notre cité et du tir cantonal de 1957, un lumineux souvenir, additionné de lauriers mérités. Ce sera là notre meilleure récompense ».
 

Utilisation

Fin du délai de protection:31/12/1957
Autorisation nécessaire:Aucune
Consultabilité physique:Sans restriction
Accessibilité:Publique
 

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URL:https://scopequery.vs.ch/detail.aspx?ID=396364
 

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