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ACMy Marc Morand, 2020/2, C 1.2 Discours « à la patrie » de Marc Morand, président de Martigny-Ville, à l’occasion de la Fête nationale suisse ou Fête du premier août lors du festival de la Fédération des fanfares libérales-radicales., 01.08.1927 (Document)
Contexte de plan d'archivage |
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Niveau: | Document |
Zone d'identification |
Cote: | ACMy Marc Morand, 2020/2, C 1.2 |
Titre: | Discours « à la patrie » de Marc Morand, président de Martigny-Ville, à l’occasion de la Fête nationale suisse ou Fête du premier août lors du festival de la Fédération des fanfares libérales-radicales. |
Dates |
Période de création: | 01/08/1927 |
Lieu: | Leytron |
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Support |
Support / Träger: | Papier, 1 exemplaire manuscrit avec corrections. |
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Zone du contenu et de la structure |
Contenu: | Savoir : « En donnant en premier lieu la parole à l’orateur charger de porter le toast à la patrie, le Comité d’organisation de ce festival [festival de la Fédération des fanfares libérales-radicales], qui est en quelque sorte la Landsgemeinde du parti radical valaisan, a voulu que les premières pensées de ses amis politiques aillent vers la patrie aimée qui plane majestueusement au-dessus des partis. Je suis heureux de répondre à ce noble désir, car il est bon et salutaire, dans nos fêtes, de se recueillir quelques instants à l’ombre des drapeaux de la patrie pour faire revire en nous les sentiments d’affection filiale que, enfants d’une même et grande famille, nous nourrissons tous pour notre mère commune.
La patrie, mes chers concitoyens, c’est le cadre merveilleux qui nous entoure ; nous la cherchons dans les sombres monts comme sur les cimes toujours blanches de nos Alpes ; nous la cherchons dans les vastes plaines mamelonnées du plateau suisse, dans les sauvages vallées des Alpes, comme dans les forêts altières du Jura ; nous la cherchons sur les bords enchanteurs de nos lacs souriants et sur l’alpage solitaire, égayé seulement par le carillon des troupeaux. Nous la voyons dans nos villages aux habitations rustiques et aux mœurs simples comme aussi dans nos villes où l’industrie fait vivre des légions de travailleurs, où la lutte pour la vie est souvent plus âpre et plus intense. La Patrie, a proclamé le grand citoyen Clémenceau du fond de sa retraite, c’est le cadre vivant des pensées, des émotivités de tout ordre qui nous assiègent de la naissance à la mort pour une éducation synthétique des sensibilités organiquement liées que nous voudrions transmettre accrues, à la postérité (voir page 34, Démosthène).
Voilà, mes chers concitoyens, comment l’idée de patrie s’est développée à travers les âges, mais tandis que cet organisme nécessaire à la vie collective est devenu pour quelques-uns les moyen d’opprimer leurs semblables (qu’il a créé le chauvinisme, sentiment négatif par excellence, impliquant la haine et le mépris de ce qui n’est pas rien). Dans la Confédération suisse, au contraire, il s’est fondé sur l’idée de la liberté et de la démocratie, pierre angulaire de toutes nos institutions. |
| En même temps qu’elle proclamait le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’alliance de trois cantons primitifs faisait aux Confédérés une obligation sacrée de défendre, au besoin par la force, leur indépendance et leur liberté contre tout ennemi venant de l’extérieur ou de l’intérieur. Ce que nos ancêtres ont voulu, nous le voulons encore. La Suisse s’aujourd’hui est essentiellement pacifiste. Elle ne vise pas la conquête de territoires nouveaux. Petite par sa superficie, mais grande par sa force morale, elle se contente de ses frontières actuelles. Son armée, qui s’identifie avec les citoyens, n’est animée que d’un noble sentiment : le maintien de notre intégrité territoriale et la défense, dans l’honneur et la dignité, de nos libertés démocratiques.
Fondée sur l’idée de la liberté et de la démocratie, ai-je dit tout à l’heure, notre patrie ne deviendrait bientôt plus qu’un souvenir historique le jour où ses dirigeants abandonneraient ses grands principes. Tout peuple qui s’endort en liberté se réveillera en servitude. La liberté meurt si elle n’agit point ; elle vit dès qu’elle agit. Mais, chers concitoyens, liberté ne veut pas dire licence, démocratie ne signifie pas absence de toute autorité. Non, conscient de ses droits, le peuple suisse l’est aussi de ses devoirs, et il sait que si la liberté n’est pas limitée et protégée par des lois, il tombera dans l’abime profond de l’anarchie, dont le rôle est essentiellement destructeur. C’est pourquoi, dans la plénitude de sa souveraineté, notre peuple a élevé un magnifique monument législatif qui est l’honneur de notre pays.
Est-ce à dire, chers concitoyens, que l’œuvre de la démocratie est achevées, et qu’elle doit laisser en d’autres mains les soin de continuer l’ascension vers le progrès et des temps meilleurs. Non pas, la démocratie, mieux que n’importe quel autre forme de gouvernement, est capable de suivre l’évolution des idées. Elle sait qu’à des temps nouveaux correspondent des besoins nouveaux et que pour satisfaire ces besoins nouveaux, il faut des mesures nouvelles. Et, partant de cette idée générale, nous devons regarder en face les nombreux problèmes qui se posent et, pour les résoudre, savoir nous inspirer de la mentalité nouvelle qui monte comme une vague puissante et parfois menaçante vers ceux qui tiennent en mains le gouvernail de la nation. |
| Depuis de nombreuses années, peut-on dire, la Suisse, grâce au parti radical, a réalisé le programme strictement politique de la démocratie, et a su faire triompher les grands principes de l’Etat moderne qui sont la base et la condition indispensables de tout progrès dans le domaine social. Il reste maintenant à notre pays à orienter notre démocratie et à l’engager hardiment dans le chemin qu’il s’est déjà ouvert au progrès social et économique. Un citoyen, prisonnier des difficultés matérielles de l’existence, un citoyen, dont le lendemain n’est qu’un horizon chargé de sombres nuages, ne connaît pas la vraie liberté à laquelle pourtant il a droit. Il importe donc que les pouvoirs publics, dans la mesure du possible, créent les œuvres sociales nécessaires à l’amélioration du sort d’un grand nombre de nos citoyens. La Suisse, dont les institutions s’imposent au respect des autres nations, la Suisse, qui a toujours été à l’avant-garde du progrès ne reculera pas devant les nombreuses et belles tâches sociales et économiques qui s’imposent aujourd’hui. Elle a déjà inscrit dans sa constitution le principe de l’assurance vieillesse [future A.V.S.] et invalidité [A.I.]. Sans doute des sacrifices seront nécessaires, mais ils seront légers pour le citoyen qui a le cœur à la bonne place, si de cette façon il pourra apporter à ses concitoyens moins favorisés par l’intelligence, la fortune et la santé.
Mes chers concitoyens, quand tout à l’heure je vous ai vu défiler fièrement aux sons entraînant de vos cuivres, et précédés de vos drapeaux portant dans leurs plis le symbole de la patrie, j’ai compris que si vous servez si ardemment et si sincèrement notre patrie, c’est surtout et avant tout pour mieux servir notre patrie et lui conserver notre amour indéfectible. Promettons, en cette belle journée de printemps, d’unir nos forces et nos cœurs pour que ne soit pas un vain mot la belle devise des Suisses : « « Un pour tous, tous pour un » [« Unus pro omnibus, omnes pro uno »]. |
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Utilisation |
Fin du délai de protection: | 31/12/1927 |
Autorisation nécessaire: | Aucune |
Consultabilité physique: | Sans restriction |
Accessibilité: | Publique |
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URL vers cette unité de description |
URL: | https://scopequery.vs.ch/detail.aspx?ID=396244 |
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