ACMy Marc Morand, 2020/2, C 1.3 Discours de Marc Morand, président de Martigny-Ville, à l’occasion de la Fête nationale suisse ou Fête du premier août., 01.08.1938 (Document)

Contexte de plan d'archivage


Niveau:Document

Zone d'identification

Cote:ACMy Marc Morand, 2020/2, C 1.3
Titre:Discours de Marc Morand, président de Martigny-Ville, à l’occasion de la Fête nationale suisse ou Fête du premier août.

Dates

Période de création:01/08/1938

Support

Support / Träger:Papier, 1 exemplaire dactylographié avec corrections manuscrites.

Zone du contenu et de la structure

Contenu:Savoir :
« Alors que dans toute la Suisse, la voix tantôt grave, tantôt gaie des cloches vient de de rappeler à nos populations l’anniversaire de la fondation de la Confédération suisse, il est bon et salutaire de se recueillir quelques instants à l’ombre du drapeau fédéral pour trier les leçons qui se dégagent du pacte de 1291, plus actuel que jamais dans les circonstances difficiles de notre époque. En même temps qu’elle proclamait le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’alliance des trois cantons primitifs faisait aux Confédérés une obligation sacrée de défendre au besoin par la force leur indépendance et leur liberté contre tout ennemi, qu’il vienne de l’extérieur ou soit de l’intérieur. Ce fut le but primordial et supérieur de la jeune Confédération.

Ce que les premiers Suisses ont voulu, nous le voulons encore. La Suisse d’aujourd’hui est essentiellement pacifiste, elle ne vise pas et ne pourrait pas viser à la conquête de territoires nouveaux. Son armée, de par son caractère même, s’identifie avec notre peuple et ne poursuit que deux buts bien définis : le maintien de notre indépendance et la défense dans l’honneur et la dignité de nos institutions démocratiques. Petite par sa superficie, mais grande par sa force morale, la Suisse se contente de ses frontières actuelles. Mais elle sait, et des événements récents lui en ont donné la preuve, qu’un peuple qui n’a pas la volonté farouche de défendre son indépendance, qui ne traduit pas par des actes cette volonté, ne tardera pas à devenir un objet de convoitise pour ses puissants voisins. C’est pourquoi, dans un élan magnifique et qui lui fait honneur, le peuple suisse a voté la réorganisation de notre armée et a souscrit à l’emprunt pour la Défense nationale, proclamant ainsi à la face de l’Europe qu’il préfère une mort glorieuse à la servitude. Mais en même temps qu’il accroît sa puissance défensive, le peuple suisse vient d’affirmer à nouveau sa neutralité intégrale, exprimant de façon solennelle son désir de paix avec les autres nations, mais aussi sa volonté de faire respecter l’intégrité de son territoire, s’il faut au prix de son sang.
Voilà pourquoi, il y a quelques mois seulement, plus exactement le 21 mars 1938 [21.03.1938], l’assemblée fédérale unanime, sans distinction de partis, s’est rangée aux côtés du Conseil fédéral pour renouveler en quelque sorte le pacte fédéral de 1291, qui a fondé notre patrie sur l’idée de la liberté et de la démocratie, pierre angulaire de toutes nos institutions. Je crois qu’il est indiqué ce soir de vous donner lecture du texte de cette déclaration faite tour à tour par tous les chefs des groupes et l’assemblée fédérale le 21 mars 1938, car cette mémorable séance sera considérée plus tard comme un important événement historique de notre pays. Voici ce texte :

« Tous les groupes des chambres approuvent la déclaration du Conseil fédéral. Ils affirment solennellement que le peuple suisse tout entier – sans distinction de langue, de confession ou de parti – est prêt à défendre l’inviolabilité de son territoire jusqu’à la dernière goutte de son sang, contre n’importe quel agresseur. Cette défense sera d’autant plus efficace qu’elle s’appuiera sur le respect des droits populaires et sur la collaboration de tout le peuple. Le peuple suisse est prêt à consentir les sacrifices nécessaires à sa défense nationale. Mais l’armature militaire du pays serait vaine si elle ne s’appuyait sur les forces spirituelles et morales du peuple tout entier : l’union entre tous les Confédérés doit l’emporter sur les conflits politiques et économiques, et nos discussions intérieures doivent se dérouler dans la dignité et la fidélité à nos institutions démocratiques. La Constitution fédérale a mis dans les attributions du Conseil fédéral le soin de veiller à la sûreté extérieure de la Suisse, au maintien de son indépendance et de sa neutralité. Le peuple suisse soutient le Conseil fédéral dans cette tâche essentielle, qui doit se réaliser conformément à l’esprit démocratique suisse et en plein accord avec le Parlement. Confiant en la Providence qui a toujours protégé notre pays, le peuple suisse es prêt à affronter avec décision et courage les épreuves que la malice des temps pourrait lui réserver. »

Chers concitoyens, conservons et défendons jalousement ces biens précieux, car notre patrie ne deviendrait bientôt plus qu’un souvenir historique, le jour où ils ne seraient plus inscrits au frontispice de notre constitution. Tout peuple qui s’endort en liberté se réveillera en servitude. La liberté meurt, si elle n’agit point ; elle vit dès qu’elle agit. Mais liberté ne veut pas dire licence., et démocratie ne doit pas signifier démagogie ou absence d’autorité. Non. Conscient de ses droits, le peuple suisse l’est aussi de ses devoirs. Il sait que si la liberté n’est pas limitée et protégée par les lois, il tombera dans l’anarchie où rien n’est constructif, où tout est négation. Il sait aussi que l’autorité est nécessaire dans tout pays, mais ses chefs, il entend les choisir souverainement, il se soumettra é leur autorité avec une discipline d’autant plus méritoire et forte, qu’elle est librement consentie.
Quoiqu’en disent certains, l’œuvre de la démocratie est loin d’être achevée. Elle ne doit pas laisser à d’autres le soin de continuer l’ascension vers le progrès des temps meilleurs. La démocratie, mieux que n’importe quelle autre forme de gouvernement, est capable d’évolution. Elle sait qu’à des temps nouveaux correspondent des besoins nouveaux, et que pour satisfaire ces besoins, il faut des mesures nouvelles. Partant de cette idée générale, nous devons regarder en face les nombreux problèmes qui se posent et, pour les résoudre, savoir nous inspirer de la mentalité nouvelle qui monte comme une vague puissante, et parfois menaçante, vers ceux qui tiennent en mains le gouvernail de la nation. Un citoyen, prisonnier des difficultés matérielles de l’existence, un citoyen dont le lendemain n’est qu’un horizon chargé de nuages, ne connaît pas la vraie liberté à laquelle il a pourtant droit. Il importe donc que les pouvoirs publics, dans la mesure du possible, créent les œuvres sociales destinées à l’amélioration du sort d’un grand nombre de nos concitoyens. La Suisse, dont les institutions s’imposent au respect des autres nations, la Suisse, qui a toujours été à l’avant-garde du progrès, ne reculera pas devant les nombreuses et belles tâches sociales et économiques qui s’imposent aujourd’hui ! Sans doute, des sacrifices seront nécessaires, mais ils seront léger pour l’homme qui a le cœur à la bonne place, si, de cette façon, il pourra apporter du bien-être à ses concitoyens moins favorisés par l’intelligence, la fortune ou la santé. C’est par cette volonté d’entr’aide et de collaboration que se réalise l’union de tous les Suisses et que grandira en chacun de nous l’amour de notre chère Patrie.

La Patrie, c’est le cadre merveilleux qui nous entoure : elle est dans les sombres monts comme sur les cimes toujours blanches de nos Alpes ; elle est dans les grandes plaines mamelonnées du plateau suisse, dans les sauvages vallées des Alpes, comme dans les vertes forêts du Jura ; nous la cherchons sur les bords enchanteurs de nos lacs et sur l’alpage solitaire, égayé seulement par le carillon des troupeaux. Nous la voyons dans nos villages aux habitations rustiques et aux mœurs simples comme aussi dans nos villes où l’industrie fait vivre des légions d’ouvriers, où la lutte pour la vie est souvent plus difficile et plus intense. La Patrie, a proclamé un grand citoyen du fond de sa retraite, c’est le cadre vivant des pensées, des émotivités de tout ordre qui nous assiègent de la naissance à la mort pour une éducation synthétique des sensibilités organiquement liées que nous voudrions transmettre accrues, à la postérité. C’est dans ces sentiments, chère population de Martigny, que je vous convie à fêter et à commémorer dignement la fondation de notre Suisse aimée. Vive la Confédération suisse ! Vive notre beau Valais ! »
 

Utilisation

Fin du délai de protection:31/12/1938
Autorisation nécessaire:Aucune
Consultabilité physique:Sans restriction
Accessibilité:Publique
 

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